Qui est Lugh, le dieu-père polytechnicien ?
Lugh (Lug, Lugus, Lugaid, Lughaidh) est le dieu par excellence de Lughnasadh.
Malgré son omniprésence dans la mythologie celtique ainsi que ses divers récits que l’on trouve autant en Irlande que dans le Pays de Galles et même en Gaule, il demeure un dieu peu connu dans le paysage païen actuel.
Lugh est lié à la période du mois d'août, en cet instant de fête, où le soleil décroit lentement pour se reposer dans la période sombre.
Partons à la découverte de Lugh, père des dieux celtes, aux multiples visages et histoires.
Les origines du dieu Lugh
Lugh est considéré, dans de nombreux panthéons celtes, comme un dieu majeur, si ce n’est le chef des dieux.
Chez les Irlandais, il est nommé Lugh, et il est le dirigeant des Tuatha Dé Danann, les « Enfants de la Déesse Dana ».
Il est également présenté comme le fils de deux Fomoires, lui qui passera son existence à lutter contre eux, à la manière de Zeus qui affrontera les Titans.
Il serait né de Delbaeth, la « forme indifférencié » et d’Eri, « l’Irlande ». Une autre source l’affilie à Cian, fils de Diancecht, le dieu médecin.
Lugh est également le père du grand héros de l’épopée d’Ulster, Cuchulainn, qu’il guidera et confrontera lors de ses multiples épreuves.
Chez les Gaulois, on le retrouve sous la forme de Lughus, le dieu issu des Dioscures, les plus anciennes divinités du panthéon indo-européen, perçus comme les « Jumeaux divins ».
Chez les Gallois, sous l’apparence de Llew Lawgyffe ou Leu, il est l’enfant d’Arianrhod fille de Don, qui auparavant vierge, fut sélectionnée par le roi Mathonwy pour être son nouveau « giron magique ». Elle sauta au-dessus d’une baguette et donna naissance à Llew ainsi qu’à Dylan Eil Ton, dieu de la mer.
La Lance de Lugh de H.R.Millar, illustration publiée dans Celtic Myth and Legend de Charles Squire (1905)
Avec l’invasion romaine, Lugh se verra associé à Mercure pour ses multiples similitudes. En effet, Lugh est un dieu artisan, considéré comme possédant toutes les compétences et pouvoirs des autres dieux. Il est souvent qualifié de « Samildanach », c’est à dire « polytechnicien », car il est l’inventeur de tous les arts et les pratique sans difficulté.
Il est également appelé « Lamhfheda », « aux longs bras », et l’origine même de son nom peut évoquer plusieurs symboliques importantes de son culte. Si sa signification exacte porte à débat, l’on retrouve la racine protoceltique « Lugh » qui pourrait être issu d’une base proto-européenne « leug » pouvant se traduire par « noir » ou « porter serment ». Les chercheurs se mettent davantage d’accord sur la racine « leuk » qui voudrait dire « briller », ramenant Lugh à ses fonctions solaires, liées aux saisons.
Lugh est un dieu associé à la royauté. Pour devenir le meneur qu’il est actuellement, il a dû passer des épreuves pour prendre la place de Nuàda, l’ancien dieu-roi, qui venait de perdre son droit à régner suite à son amputation du bras.
Ainsi, Lugh arriva, tel un nouveau venu, supplantant Brès, le fomoire qui fut choisi avant lui, par le biais de trois épreuves. Il s’illustra à l’épreuve de harpe, au jeu d’échecs, ainsi qu’à l’épreuve consistant à remettre en place une lourde pierre.
Par ces trois disciplines, il montre qu’il est à la fois artiste, stratège et puissant. Nuàda lui offrit le trône de sagesse et se tint devant lui, en signe d’hommage, pendant treize jours.
Lugh, dieu protecteur de la civilisation et des saisons
Lugh est un dieu polyvalent. À la fois Dieu-père, protecteur de la stabilité et des récoltes, il est celui qui fait lever et coucher le soleil et gère le jour et la nuit.
Il est l’instigateur des saisons et veille à ce que les humains ne manquent de rien. Il est également perçu comme un dieu guerrier, aux mille compétences, à la fois artisan, agriculteur, artiste, mage et combattant.
À l’image d’Odin, auquel il pourrait ressembler, notamment dans les versions plus anciennes du Cath Maighe Tuireadh, ou encore de Zeus, il incarne l’image du patriarche omniscient, tout en étant le « Dieu-Fils », enfant de la Déesse mère.
Descendant des Fomoires, Lugh passera de nombreux siècles à les combattre, afin d’assurer aux Irlandais une paix durable.
Symbole de stabilité, de force et de pouvoir, Lugh nous invite à nous recentrer sur les bienfaits de la Terre.
Comme la déesse Déméter, il nous offre la connaissance et l’agriculture.
Il possède un aspect lumineux très important, mais également une facette psychopompe à ne pas négliger.
Comme le soleil décroit dans le ciel, il nous rappelle l’importance des cycles, pour la nature comme pour les humains.
Lughnasadh, le sabbat de la roue de l'année qui a lieu début août, est l’occasion idéale de festoyer et de remercier les dernières forces de l’été pour ce qu’elles nous apportent. La douceur, la bonté font donc partie des valeurs essentielles de la vie. Si la beauté incarnée meurt, le monde court vers sa ruine.