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Cailleach la sorcière de l'hiver

Cailleach, sorcière de l’hiver et déesse mère

(Texte extrait du Livret-Grimoire de la PaganBox Yule 2021.)

Il existe une vieille légende gaélique, parlant d’une ancienne déesse, autrefois douce et printanière. Elle gardait la source, en haut de la montagne, Loch Awe, fontaine magique qui ne devait jamais déborder. Seulement, une catastrophe arriva, faisant d’elle la terrible sorcière du froid, au corps de gel et de roche.

Dans toutes les contrées anglophones, l’on murmure son histoire. Incarnation « Tempestaire » de la rudesse de l’hiver, elle fait partie des figures divines ambivalentes, à la fois cruelle et bienveillante, portant toute la puissance de la saison de Yule en son sein.

Cailleach Bheur, déesse du printemps, déesse de l’hiver

L’histoire de Cailleach touche de nombreuses contrées celtiques. Elle possède plusieurs noms selon les traditions :

« On l’appelle Black Annie des Dane Hills dans le Leicestershire, Gyre Carline dans les Lowlands, Gentle Annie de Cromarty Firth, Caillaghny Groamagh ou The Old Woman of Gloominess dans l’Île de Man, Cailleach Beara en Irlande, Cally Berry en Ulster. »

Encyclopédie des fées, Pierre Dubois, page 150

Foret magique en hiver sous la neige

Elle habiterait dans les grottes ou dans un menhir, prenant corps dans la pierre lorsque les beaux jours reviennent. Elle représente le frimas mordant qui décime la nature sur son passage, la figeant et empêchant toute croissance.

Dans la tradition celtique, elle est présentée comme étant la fille de Grinnan, le « petit » soleil de l’hiver. Son apparence lui donne un air de sorcière tel qu’on les imaginait quand nous étions enfants : «  Maigre à faire peur, os pointus, toute bleue de froid, le visage décharné et figé par un rictus d’épouvante. » Cailleach fait peur. Pourtant, elle possède une dualité toute saisonnière. Son récit ressemble à s’y méprendre à un conte de fées.

C’est dans l’Encyclopédie des fées de Pierre Dubois que nous pouvons découvrir cette fable :

« Aux temps lointains, Cailleac Bheur était une déesse du printemps, de la pêche et des montagnes. Elle gardait les sources, les fontaines, les ruisseaux, et surtout avait à charge une source qui jaillissait au pic du Ben Cruachan, cascadait le long des collines pour alimenter de son cours clair les prairies des basses terres. Chaque soir, au coucher du soleil, elle devait en arrêter le flux avec un rocher et le libérer au matin. »

Encyclopédie des fées, Pierre Dubois, page 150

Autrefois associée à la nature rayonnante et aux sources, elle avait en charge la protection de la vallée, en surveillant le flux de la fontaine qui ne devait jamais se répandre hors de son lit.

Gazon et fleur jaune recouvert de neige

Cependant, une erreur de sa part provoquera un déluge. Alors qu’elle avait mené les troupeaux de daims toute la journée, la belle s’endormit près de l’onde, sans en reboucher l’orifice. Un torrent emporta tout sur son passage : les habitations, les habitants et même les fiers châteaux. Elle se réveilla bien trop tard, essayant de réparer les dégâts, sans y parvenir. Elle se transforma en femme maigre et vieille, pétrifiée de glace, son visage portant à jamais les stigmates de l’effroi.

Figure duale, a l’apparence de jeune demoiselle ou de vieille dame, son histoire narre le roulement des saisons. L’on raconte qu’elle fuit lors de l’arrivée des premières fleurs de mai et que durant un court instant, nous pouvons entrevoir son ancienne beauté.

Associée à Brighid, divinité solaire et reliée à l’élément feu, l’on observait le balai du temps qui se déroulait avec plus ou moins de heurts. Autrefois, les anciens analysaient l’évolution de l’hiver, afin de prévoir les méfaits de Cailleach ainsi que le retour imminent de Brigid.

Arbre représentant les quatre saisons

Comment célébrer Cailleach durant Yule ?

Cailleach peut paraître effrayante. Elle est grande, décharnée et incarne la mort et les sentiers sombres de l’hiver. Pourtant, son ambivalence est à explorer. Elle protège les animaux sauvages de la montagne, comme les cerfs, les loups et les boucs, qu’elle dissimule aux yeux des chasseurs. Si elle est dangereuse, elle porte en elle toutes les merveilles de la flore et de la faune sauvage.

Qui ne s’est jamais ébahi d’un paysage vallonné enneigé ? Cette beauté farouche représente la Nature dans tout ce qu’elle a de plus fabuleux et d’inquiétant. Elle est le passage indispensable jusqu’à la belle saison : pour que la lumière persiste, nous devons arpenter ce chemin d’ombre, jusqu’au retour lumineux de Yule.

Faire face à Cailleach, c’est accepter ce cycle sans fin, qui nous inscrit dans un macrocosme qui ne cessera jamais de nous surprendre.

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