Yule 2024 : histoire et significations, comment célébrer le sabbat du solstice d'hiver ?
Yule est le nom que porte le sabbat du solstice d’hiver (la nuit la plus longue de l'année) pour de nombreux païens occidentaux.
Bien que dans notre calendrier usuel cette célébration se situe en fin d’année, il en est tout autrement dans la roue de l’année.
De nombreux païens occidentaux considèrent que Samhain débute l’année (ce sabbat précédent Yule a lieu environ entre le 31 octobre et le 10 novembre, selon les croyances).
Yule est donc le second sabbat de la roue de l’année. Yule est un sabbat joyeux et porteur d’espoir.
Cette année, le solstice d'hiver aura lieu le samedi 21 décembre 2024, à 10h19. Mais Yule n'est pas forcément qu'une simple journée...
-
C’est avec plaisir que nous vous offrons ici cette méditation guidée autour de l’Esprit de Yule, pour vous détendre et vous sentir en harmonie avec la saison.
-
SOMMAIRE :
1 • L’hiver, d’hier à aujourd’hui
2 • Le solstice d’hiver, Yule et le cycle astronomique et saisonnier
3 • Les cycles mythologiques de Yule
4 • Offrandes et présents
5 • La bûche de Yule
6 • Yule : une fête ancienne dans un monde moderne
7 • Le solstice d’hiver : une fête universelle ?
8 • Yule et les différentes traditions païennes
L’hiver, d’hier à aujourd’hui
La saison de Yule est marquée par le repos de la Nature sous nos latitudes. C’est un moment où nous pouvons nous aussi prendre un temps de repos. Nous pouvons l’utiliser pour pratiquer une introspection et nous livrer à la contemplation de la Nature dans son état hivernal. Nous pouvons aussi rendre hommage à l’obscurité et à la nuit, tout en nous réjouissant du retour de la lumière qui peu à peu va s’accroître.
Dans les temps anciens, l’hiver avait pleinement sa place et était considéré comme nécessaire. Alors que le printemps était le temps des semailles, que l’été était celui des moissons et que l’automne était celui des dernières récoltes, à l’hiver on mettait les champs au repos. La terre pouvait se régénérer pendant que les hommes et les femmes restaient dans les maisons durant les mois sombres et froids. Ils vivaient des réserves et des conserves, en espérant qu’elles suffiront pour passer l’hiver.
Loin du confort moderne actuel, les anciens se mettaient au lit très tôt, c’était un moyen d’économiser les sources de lumière et de chaleur qui, soit coûtaient assez cher, comme les bougies ou l’huile pour les lampes, soit nécessitaient un travail physique important pour le bois de chauffe. Les repas étaient exclusivement préparés avec des légumes de saison et des viandes séchées ou salées. Et à l’unisson avec la Nature, le rythme de vie ralentissait.
Aujourd’hui nous avons oublié cette façon de faire. Nous cherchons à conserver nos habitudes tout au long de l’année. Nous pouvons consommer presque les mêmes légumes que l’été, il n’y a guère que pour certains fruits que la saisonnalité est encore perceptible. Qui plus est, nombreux sont ceux qui se plaignent de l’hiver et qui ne savent pas profiter du repos hivernal et adopter un rythme plus naturel. Pourtant, cela leur permettrait de se régénérer.
Avec nos chauffages, nos lumières et nos réfrigérateurs modernes, nous avons oublié ce qu’était un vrai hiver. Nous ne nous accordons plus ce précieux temps de repos et nous cherchons à vivre à un rythme soutenu tout au long de l’année. C’est d’ailleurs ce refus d’accepter le rythme de l’hiver qui serait à l’origine de certaines déprimes saisonnières.
Le solstice d’hiver, Yule et le cycle astronomique et saisonnier
La fête de Yule se situe au solstice d’hiver. Le solstice est un évènement astronomique se produisant deux fois dans l’année, lorsque le soleil est à son point le plus éloigné de l’équateur. Au solstice d’hiver, il sera alors au point le plus proche du pôle nord et au solstice d’été, à son point le plus éloigné du pôle nord. Dans le ciel, le soleil du midi astronomique est au plus haut au solstice d’été. Au solstice d’hiver c’est l’inverse, dans le ciel, le soleil du midi astronomique est à son point le plus bas et il semble immobile.
D’un point de vue étymologique le mot solstice nous vient du mot latin solstitium composé de sol « soleil » et statum « demeurer immobile ». On a bien là le phénomène que l’on rencontre au solstice d’hiver, quand le soleil nous semble comme épinglé sans bouger, car le mouvement est lent. Du point de vue géographique, plus on va au nord et plus les effets du solstice seront intenses. À Reykjavik, capitale de l’Islande, le jour du solstice ne durera que 4h08, à Stockholm ce sera durant 6h05, à Bruxelles durant 7h56, à Paris durant 8h14, à Nîmes durant 8h54, ou dernier exemple, à Séville le jour durera 9h35. Et de la même manière, plus on va vers le nord et plus les températures seront en moyenne froides.
C’est à partir du solstice d’hiver que les jours vont rallonger, alors même que la saison la plus froide ne fait que débuter. Yule au commencement de l’hiver annonce la victoire du soleil et l’arrivée prochaine du printemps. Il est porteur d’espoir à l’arrivée de la saison froide.
Dans l’hémisphère nord le solstice d’hiver peut avoir lieu le 21, le 22 ou le 23 décembre selon les années. Yule n’est pourtant pas que le solstice en tant que tel. Selon les traditions, Yule peut être le jour du solstice, une période de douze jours autour du solstice, un mois à cheval sur novembre et décembre ou un mois à cheval sur décembre et janvier.
Pour la plupart, l’esprit de Yule commence quelques jours avant le solstice d'hiver et continue pour englober toute la fin d’année.
Les cycles mythologiques de Yule
Les anciennes religions païennes avaient presque toutes intégré le solstice d’hiver dans leur mythologie. Bien souvent l’année pouvait être découpée en deux influences distinctes. La saison froide semblait influencée par la femme et la mère. La vie étant plus centrée sur le foyer.
De nombreux mythes hivernaux sont ainsi liés aux femmes, par extension aux déesses. Les déesses représentent ici le combat entre la vie et la mort.
Dans la tradition nordique et scandinave, la déesse Frigg est considérée comme la reine de l’hiver. Son culte est associé au solstice qui est appelé la Nuit de la Mère. Le jour du solstice, c’est elle qui met au monde le soleil renaissant. On voit ici son rôle de déesse liée à la mère et à l’enfantement.
C’est aussi ce rôle de déesse de la fertilité qui est accordé à Holda, déesse germanique de Yule. Holda apporte la fertilité et la prospérité. Il ne faut pas oublier que dans les temps anciens ces deux notions étaient liées. Une famille nombreuse fournissait de nombreux bras pour les travaux ruraux. Une famille avec beaucoup d’enfants annonçait de la prospérité future. La période de Yule était ainsi à la fois tournée vers le soleil et son retour et vers la famille, les enfants, le foyer et la place de la mère.
Les mythes liés à l’accouchement du soleil par une déesse étaient très nombreux. Au-delà de l’exemple de Frigg, nous pouvons évoquer une déesse forestière germanique qui la nuit du solstice se transformait en biche blanche pour donner naissance au soleil renaissant. Le fait que cette déesse se transforme en biche n’est pas anodin, nous verrons plus loin que le cerf (mâle de la biche) a aussi son importance dans les traditions anciennes.
Les saxons installés en Grande-Bretagne ont emporté avec eux leur culte de la Nuit des Mères. Selon Bède le Vénérable, un moine britannique ayant vécu entre les VII et VIII èmes siècles de notre ère, les saxons célébraient un culte à des déesses mères lors de la nuit du solstice. Ce culte était comparable à celui des déesses Matrones celtes. Bède le Vénérable, premier historien britannique, explique que la fête saxonne a donné naissance aux fêtes de noël mais a été expurgé des références païennes.
Les déesses associées à l’hiver ont parfois un côté rude lié aux rigueurs de la saison. Ainsi Cailleach, la vieille sorcière divine celte qui gouverne la période allant de Samhain à Beltane, apporte le froid et l’obscurité. Ou, Skadi, une déesse nordique qui peut contrôler le climat. Elle vit dans les montagnes et aime se déplacer en ski durant l’hiver. Elle provoque des tempêtes de neige pour que les pistes restent enneigées sur son passage.
Mais elles peuvent être beaucoup plus positives. Bona Dea, une déesse romaine de l’abondance et de la prophétie, est associée à un rituel de nettoyage et de purification de la maison. Ce rite est uniquement féminin et il est gage d’abondance et de fertilité. Befana, la vieille sorcière italienne, offre des cadeaux aux enfants début janvier. Babouchka est une sorcière divine russe, dont le personnage peut se confondre avec celui de Baba Yaga. Comme Befana, elle distribue des cadeaux aux enfants. Mais sa personnalité est plus complexe, en fonction de ses intérêts, elle peut parfois être antagoniste à un héros. Mais dans le contexte qui nous intéresse ici, elle fait partie des divinités plus positives.
Les dieux, ou héros, sont représentatifs de la lutte contre l’adversité. Ils s’efforcent de trouver une stabilité nécessaire pour assurer la continuité de la vie.
Il existe une très ancienne tradition du roi de l’hiver qui remonte aux origines des anciennes fêtes de la renaissance du soleil. Il glorifie le soleil renaissant, l’idéal masculin de la fertilité masculine, le retour à la lumière et à la vigueur du monde.
Les étrusques et les romains célébraient le soleil en tant que divinité masculine pendant la fête de la « Naissance du soleil invaincu », sol invictus en latin. À partir de l’an 10 avant notre ère, l’Empereur Auguste à mis en place un culte à Apollon, le dieu solaire régnant. En son honneur étaient organisés fêtes, jeux et festins.
Chez les celtes, et en particulier en Irlande, Lugh avait des aspects solaires. Dans le monde celtique romanisé, Lugh et Apollon avaient été rapprochés. Mais nous n’avons à ce jour aucune preuve que Lugh était célébré lors du solstice d’hiver.
En Perse, Mithra était lui fêté au solstice d’hiver. Le dieu serait né sur un rocher. C’est pour cela que son culte était célébré dans des temples souterrains qui représentaient l’intérieur du rocher. Il s’agissait d’un culte uniquement à destination des hommes. Mithra est souvent représenté mettant à mort un taureau. C’est aussi lui qui accueille le soleil renaissant. Son culte s’est facilement étendu dans l’Empire Romain car il a été identifié à Sol Invictus.
Saturne est un autre dieu romain lié au solstice d’hiver, notamment au travers du festival des saturnales, les Saturnalia, au cours desquelles on célébrait la force virile régénérative. Saturne est un dieu agraire, son festival se déroule initialement du 17 au 23 décembre. C’est une période de fêtes et de réjouissances pendant lesquelles on s’offre des présents, on fait des offrandes. Pendant les saturnales existait aussi une tradition selon laquelle maîtres et esclaves échangeaient leurs rôles. À la fin du IV siècle de notre ère les saturnalias ont été déplacées au nouvel an et se sont mêlées aux calendes de janvier, une fête romaine se situant au milieu de l’hiver.
De nombreuses fêtes actuelles sont héritières des calendes de janvier, nous pouvons en citer quelques unes : les Calendes de Provence, les Kolenda en Pologne, les Koleda en Tchéquie, les Kolada en Russie, les Koledos en Lituanie, Les Calenig au Pays de Galles, les Calluin en Écosse.
Dans la mythologie nordique, c’est la nuit de Yule que Heimdall, le dieu gardien du Bifrost, choisit de rendre visite à ses enfants. Il laisse des présents dans la chaussette de ceux qui ont bien agi et de la cendre dans celles de ceux qui ont mal agi durant l’année.
On peut également noter des similitudes entre le mythe du père Noël d’aujourd’hui et celui qui appartient à la mythologie scandinave, le mythe de Jölnir, un des nombreux noms du dieu Odin. Tout dans l’apparence d’Odin fait penser au père Noël que nous connaissons, et il dispose d’une monture à 8 pattes, qui n’est pas sans rappeler les 8 rênes du père Noël. La nuit de Yule, on dit qu’Odin traverse le ciel du monde pour observer les familles. Il nourrissait ceux qui avaient faim d’une partie de son souffle. Les enfants préparaient son arrivée en laissant de l’herbe ou du sucre dans leurs chaussures afin de nourrir le cheval. Pour remercier les enfants de ce geste, Odin leur offrait des cadeaux qu’il laissait dans leurs chaussures à la place de la nourriture.
Au Moyen-âge la tradition du roi de l’hiver s’est perpétuée. Dans les différentes cultures son nom pouvait changer. Nous pouvons évoquer le « Roi Vert de l’Hiver » et sa quête symbolique pour gagner le cœur de la Belle du Printemps. Ce Roi Vert peut être retrouvé au travers des mythes arthuriens, que ce soit le Roi Arthur, ou le chevalier Gauvain. Une autre image du Roi Vert est Robin des Bois, ou encore l’Homme Vert. Ce thème est encore présent de nos jours dans des chants, des spectacles, des poèmes et pour partie dans la légende même du Père Noël.
Dans la tradition celtique actuelle il est dit que le solstice d’hiver est le moment où le Roi Chêne gagne contre le Roi Houx. Au solstice d’été un autre combat donne le résultat inverse. Il s’agit du combat de la lumière contre l’obscurité. Il s’agit d’un cycle éternel qui rythme l’année. Le Chêne gagne au solstice d’été et va ramener la lumière. Le Roi Chêne peut être lui aussi rapproché du Roi Vert de l’Hiver.
Offrandes et présents
La tradition d’offrir des cadeaux au solstice d’hiver est très ancienne. À l’origine il s’agissait de faire des dons pour apaiser les divinités de l’hiver et leur demander de la clémence afin d’éviter les famines, le gel… Ces offrandes avaient aussi pour but de demander des faveurs aux dieux et aux membres du petit peuple. On pouvait par exemple demander une protection pour la maison et ses habitants en échange d’un cadeau. Puis peu à peu s’est installée la tradition d’offrir des cadeaux comme une récompense pour une bonne action, un encouragement à bien agir ou à bien se comporter.
C’est aussi à l’origine de la tradition du Saint Nicolas. Il est à noté que les pratiques païennes ont été reprises par les chrétiens au travers de St Nicolas et que ce dernier s’est ensuite fait en partie remplacer par le Père Noël, une figure laïque.
Dans les temps anciens, on pouvait offrir un charme, un talisman, ou toute chose pouvant écarter un danger ou apporter une protection. On offrait aussi un cadeau en guise d’hommage à son patron ou son propriétaire. Les Romains faisaient des cadeaux au nouvel an, les strenae, du nom de la déesse Strenia. Cette tradition se perpétue encore aujourd’hui au travers des étrennes. Leurs cadeaux pouvaient être des branches de laurier ou de palmier consacrées, des gâteaux de miel, des figues ou des dattes, des fruits, des pièces de monnaie ou de petites figurines de bronze ou de terre cuite. Ces cadeaux étaient destinés à son patron, à l’empereur ou à d’autres personnages illustres, mais il pouvait aussi s’agir de cadeaux d’amour ou de remerciement.
En Écosse on fêtait l’hiver pendant un mois à partir du 12 décembre. En Irlande c’était une fête importante. On nettoyait les maisons, les granges et les cours. Intérieurs et extérieurs étaient décorés avec des éléments naturels. Une bûche spéciale était préparée et l’on allumait une bougie par membre de la famille, dans un but de protection pour l’année à venir. Enfin, on offrait des cadeaux.
La bûche de Yule
La bûche de Yule est une tradition très ancienne. À l'origine, elle était faite de chêne. Pendant que les femmes nettoyaient et purifiaient la maison, les hommes s’occupaient de trouver la bûche idéale. Il fallait qu’elle soit la plus grande et grosse possible, mais qu’elle puisse rentrer dans le foyer de la cheminée. Elle était décorée de gravures et d’éléments naturels. Cette bûche représentait le froid et la mort. Elle était mise dans le feu pour que la famille puisse voir l’hiver remplacé par la chaleur et la lumière. Il est à remarquer que la bûche de chêne peut-être vue comme l’image du Roi Chêne qui combat l’hiver. La bûche enflammée représente la partie croissante de l’année solaire jusqu’au solstice d’été.
Elle était allumée la veille du solstice avec, en guise de bois d’allumage, un morceau de celle de l’année précédente. Pendant sa combustion on se rassemblait devant la cheminée pour faire des vœux pour l’année à venir, porter des toasts, ou raconter des histoires, des mythes, des légendes et des contes. Une bûche de Yule brûlant jusqu’au petit matin était vue comme un excellent présage.
Aujourd’hui, on retrouve l’image de cette bûche de Yule sur la plupart de nos tables de fêtes au travers des bûches en gâteau ou des bûches glacées.
Préparer une bûche de Yule peut être une activité à la fois ludique et spirituelle. Il faut trouver une bûche ou une grosse branche. Il faut que le bois soit bien sec. L’idéal est de l’oindre avec un peu d’huile essentielle de pin, de cèdre, de genièvre ou de tout autre résineux. Au moment de l’onction, visualisez vous en train de passer un bon Yule. Ayez aussi une pensée pour les arbres et les forêts. Vous pouvez faire quelques gravures au couteau ou des dessins au pyrograveur. Il peut s’agir de runes, de symboles celtiques, de mots, de sceaux, de sigils. Attachez-y aussi des fils ou des rubans de coton ou autres tissus de source végétale (évitez les rubans de polyester, ou de nylon). Si vous le pouvez, allumez-la dans une pièce sans lumière et contemplez le feu en profitant de sa chaleur et de son éclat. Si cela vous est impossible, garnissez-la d’une ou plusieurs bougies et allumez-les pour remplacer le feu de cheminée.
Quelque soit la solution retenue, regardez les flammes en imaginant que vos vœux se réalisent. Passez une bonne soirée, racontez des histoires, portez des toasts, amusez-vous.
Vous pouvez aussi conserver un morceau de votre sapin en guise de bûche de Yule pour l’année suivante.
Yule : une fête ancienne dans un monde moderne
Au temps de Yule les paysages ne sont plus ceux de l’automne. Les arbres caduques sont nus. Quand on est dans une région montagneuse, on a la chance de voir les conifères chargés de neige ou de givre. Parfois au sol, une couche de neige protège les végétaux et les insectes du gel. On peut voir certaines fois les rivières, les ruisseaux et les étangs en partie gelés. L’eau sous la glace reste cependant libre et la vie aquatique poursuit son cours. Certains animaux hibernent alors que d’autres restent actifs. Au cours d’une promenade dans la Nature, vous pourrez observer que tout est plus calme et silencieux. L’air semble plus pur, les nuits sont plus longues. La Nature semble prendre un temps de repos pour se régénérer. Mais l’hiver qui débute à Yule est aussi une saison difficile. Des animaux vont mourir par manque de nourriture. Les plantes les plus fragiles meurent. L’hiver est ainsi pour la Nature une période d’auto-régulation.
Pour nous aussi le temps s’est refroidi. On porte des vêtements plus chauds et on reste plus facilement à l'intérieur. D’autant plus que le jour est plus court. Souvent quand on part au travail il fait noir et quand on rentre il fait déjà noir ou sombre. Alors, pour se réconforter, on mange de bons petits plats chauds. Et dès que possible, on se cale dans le canapé avec un livre et un bon chocolat chaud ou un thé. L’ambiance de Yule n’est pas la même que celle du reste de l’année. On décore la maison, on choisit des thés plus épicés, on mange des biscuits de noël, on ressort du linge de maison festif, le chocolat est un invité d’honneur… Toute une ambiance particulière est mise en place.
Cependant, de nombreuses personnes doivent lutter contre la déprime saisonnière. Il est pourtant plus naturel d’accepter l’hiver et ses contraintes. Cela nous aidera à mieux traverser cette saison. Il est mieux de voir l’hiver comme un moment de résilience, d’introspection et de repos. Il est bon de profiter de ce moment pour regarder en soi et y trouver de la force, de méditer pour renforcer notre être spirituel. Profitons de cette saison pour en ressortir plus fort. Acceptons l’hiver, plutôt que de le combattre, pour qu’il nous renforce. Vivons un peu plus à son rythme au lieu de l’éviter.
Le solstice d’hiver : une fête universelle ?
Faisons un tour non exhaustif des différentes célébrations liées au solstice dans le monde. Au Japon, cette fête se nomme Toji. Beaucoup de Japonais prennent congé et participent à diverses cérémonies : feux de joie, honorer les ancêtres… Le jour du solstice on allume des feux sur le mont Fuji pour accueillir le soleil levant.
Au Mexique, Las Posadas se déroulent du 16 au 24 décembre. Il s’agit d’une fête solsticiale célébrée dans tout le pays. Une tradition est que des pèlerins cherchent un abri pour dormir, à l’image de Marie et Joseph avant la naissance de Jésus, l’enfant sacré symbole de lumière et de renouveau. Ici est présent le thème du renouveau en hiver. Les Mexicains ont aussi l’habitude de casser des piñatas et de distribuer les cadeaux qu’elles contiennent.
En Iran, on célèbre Yalda, une fête d’origine pré-islamique qui encourage la lumière et le bien dans le combat contre les ténèbres et le mal. On allume des feux et des lumières. On veille la nuit en famille ou avec des amis pour aider le soleil dans sa lutte. On raconte des histoires, on récite des poèmes, on chante, on mange des fruits et des noix jusqu’au lever du soleil.
En Chine, le 22 décembre était un jour où l’empereur faisait des sacrifices aux dieux. Les rituels étaient secrets. Cette tradition a été en partie maintenue. De nombreux chinois font des rituels ce jour-là. Ils font aussi de grands repas et des offrandes aux ancêtres.
Yule et les différentes traditions païennes
Les païens d’occident sont nombreux à célébrer Yule comme un festival sacré, même s’ils ne le font pas tous de la même façon en fonction des différentes traditions. Certains thèmes sont cependant communs à tous : les références au renouveau ou à la renaissance du soleil, l’attente du retour de la lumière, des prières en vu de la bienveillance, de la paix et du bien-être.
Les reconstitutionnistes celtes :
Ils ne célèbrent normalement pas le solstice d’hiver. Ils sont nombreux à penser que les anciens celtes ne le célébraient pas. Cependant, de récentes recherches tendraient à prouver qu’il était fêté.
Les néo-druides :
Ils rendent souvent hommage au solstice d’hiver. Ils pensent que les anciens druides, qui étaient des grands connaisseurs de la Nature et de ses cycles, n’ont pas pu ignorer le solstice et qu’ils le célébraient forcément. Souvent, ils organisent une procession jusqu’à l’endroit où ils vont pratiquer la cérémonie. Ils font de multiples offrandes à la Nature, aux déités et aux ancêtres. Ils font un rituel et de la divination.
Les heathens et asatruar :
Ils respectent la tradition nordique. Pour le solstice d'hiver, ils organisent un festival de douze jours. Ce sont les douze nuits de Yule, à partir du solstice d’hiver. Chaque nuit porte une activité spécifique, parmi lesquelles : décorer avec des éléments naturels, pratiquer la divination, interpréter les rêves, porter des masques d’animaux et jouer de courtes scènes, faire du porte à porte et boire du wassail (une sorte de cidre chaud épicé), chanter, brûler la bûche de Yule, purifier les maisons…
La Wicca :
Les wiccans fêtent Yule le jour du solstice d’hiver et le lendemain. Ils pratiquent une cérémonie, seul ou en groupe, pendant laquelle ils font souvent un rituel magique. Leur rituel est le plus souvent tourné vers la paix, la bienveillance ou la prospérité. Ils font aussi des offrandes à la Déesse ou aux déesses mère suivant leurs croyances personnelles. Ils célèbrent l’idée du renouveau et de la lumière. Enfin, ils préparent et brûlent une bûche de Yule.
La sorcellerie éclectique :
Le rituel des sorcières et sorciers ressemble à celui de la wicca, bien qu’il soit moins structuré. Ils veillent toute la nuit, si possible auprès d’un feu. Le matin, certains font un chant d’appel au soleil afin d’aider à son « accouchement ». Les pratiques sont parfois très différentes car en tant qu’éclectique, chacun suit sa propre voie.
----------
Sources :
- Yule : Rituels, recettes et traditions du Solstice d'hiver - Susan Pesznecker
- Scott Cunningham, La Wicca, Magie blanche et art de vivre, Éditions du Roseau
- C. Wallace, La magie wicca, Éditions De Vecchi
- Sharlyn Hidalgo, Rites de magie celtique, Les cérémonies des treize lunes de de samhain, Editions Danaé
- Opakiona Blackwood et Avy Raé, Almanach des Sorcières, Une année sous le signe de la magie, Editions Contre-dires
- Lucy Summers, Le livre de la wicca, éditions Contre-dires