Mabon 2024, équinoxe d'automne et second sabbat des moissons
Mabon est un des huit sabbats de l’année et le deuxième festival des moissons. C’est à ce moment-là que se situe la seconde plus grosse période de récolte de l’année. Il s'agit aussi de l’équinoxe d’automne, le second moment de l’année où jour et nuit sont égaux.
Mabon porte ainsi différentes symboliques que nous allons évoquer tant au passé qu’au présent.
Cette année en 2024, Mabon, l'équinoxe d'automne, aura lieu dimanche 22 septembre 2024 à 14h43.
SOMMAIRE :
1 • Les origines de Mabon, entre fête agricole et évènement astronomique
2 • La dépendance au monde agricole
3 • De l’origine du nom du sabbat de l’équinoxe
4 • Le sabbat de Mabon et son lien avec d’autres mythes
5 • Mabon la saison du deuil
6 • Mabon un moment de fête
7 • Mabon dans les pratiques actuelles
8 • Mabon des champs, Mabon des villes
9 • Mabon dans les différentes traditions
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Les origines de Mabon, entre fête agricole et évènement astronomique
Mabon est une fête des moissons. Lors de la première, à Lughnasadh, les prémices des récoltes ont été célébrés et des prières ont été faites pour les récoltes suivantes. Il est temps maintenant de fêter les choses d’un autre point de vue. C’est le moment de fêter l’aptitude des humains à survivre à l’hiver grâce à l’agriculture et aux travaux des champs.
Dans la Grèce ancienne, les Mystères d’Éleusis se tenaient approximativement au moment de Mabon. Bien que nous n’ayons pas beaucoup de sources au sujet de ce festival, il s’agissait de célébrer les moissons, le sacrifice que représente le travail des champs et la gratitude pour la nourriture récoltée.
De manière générale, les festivités autour de l’équinoxe d’automne tournent autour des thèmes des moissons, du sacrifice, de la survie et de la gratitude, en ce qui concerne l’aspect agricole de cette fête. Comme à Lughnasadh, les travaux de la journée tournent autour des récoltes. Il s’agira de les engranger, de les mettre en conserve, ou de les mettre à l’abri. Bien évidemment, ce travail se fait sur plusieurs jours et a souvent commencé avant Mabon.
Mais il ne s’agit pas uniquement d’une fête liée aux travaux des champs. Étant donné qu’il s’agit aussi d’un équinoxe, d’autres thématiques sont abordées. D’autant plus qu’à ce moment-là le soleil est dans le signe de la balance. La balance est symboliquement liée à l’équilibre. Il s’agit d’avoir un jugement prudent sur les actions à avoir au cours des prochaines semaines pour se préparer au mieux à l’automne, puis à l’hiver, qui arrivent.
On parle donc des moissons. Et on se demande ce qu’il faut stocker, où et comment. Ce qu’il faut consommer dans l’immédiat. Ce qu’il faut maintenant planter. Et ce qu’il faut laisser pourrir, ce qu’il faut abandonner soit parce que le mûrissement interviendra trop tard, soit parce que la récolte sera mauvaise.
Symboliquement c’est le moment de récolter ce que l’on a semé dans l’année écoulée. Et de porter un regard honnête, de faire le bilan, de ce qu’il faut abandonner et ce qu’il faut conserver.
Concernant la question du moment où fêter Mabon, s’agissant d’un sabbat lié à un évènement astronomique, la plupart des pratiquants le célèbre, comme pour les trois autres sabbats astronomiques, le jour de cet évènement. L’équinoxe d’automne a lieu entre le 20 et le 23 septembre selon les années dans l’hémisphère nord. Dans l’hémisphère sud, c’est en mars, au moment ou dans le nord nous fêtons Ostara. C’est le moment de l’année où, dans les deux hémisphères jour et nuit sont de même longueur. Ce qui implique aussi que les deux hémisphères reçoivent ce jour-là la même quantité de lumière, ce qui n’est vrai qu’aux deux équinoxes. Cependant d’autres préfèrent fêter Mabon invariablement le 21 septembre.
Tout cela fait que Mabon a deux points d’appuis symboliques : les festivités agricoles, un événement astronomique.
La dépendance au monde agricole
Comme nos ancêtres avant nous, nous dépendons de la nourriture qui pousse dans les champs. Même si nous ne sommes plus dans l'autosuffisance locale et que des pertes ici peuvent être comblées par des récoltes venues d’ailleurs dans le monde. Nous sommes toujours soumis aux saisons et à leurs conditions climatiques, même si nous avons les moyens de nous en extraire en partie (éclairage, chauffage…). Nous sommes toujours soumis aux problèmes environnementaux, surtout avec le dérèglement climatique que nous connaissons.
Tout ceci, même pour ce dont nous pouvons en partie nous extraire, a un impact sur notre façon de vivre et les progrès scientifiques et technologiques ne suppriment pas cette dépendance. Les humains auront vraisemblablement toujours besoin d’eau, de terre et d’air.
Lors des célébrations de Mabon, nous nous mettons en partie dans les pas de nos ancêtres. Même si le sabbat actuel n’est pas forcément la façon dont ils fêtaient cet événement, les thématiques sont ancestrales et remontent à très loin dans l’histoire de l’humanité.
De l’origine du nom du sabbat de l’équinoxe
Nous devons l’organisation de la roue de l’année en huit sabbats au fondateur de la Wicca, Gerarld Gardner. Ce n’est cependant pas lui qui nomma les quatre festivals ayant un lien avec des événements astronomiques. Il donna leur nom aux seuls sabbats intersaisonniers : Samhain, Imbolc, Beltane et Lughnasadh.
Ce sont d’autres qui après lui ont nommé les quatre sabbats sans nom. Les noms les plus souvent retenus sont ceux ayant été donnés par Aidan Kelly. Ce dernier a voulu donner des noms saxons à ces quatre sabbats, afin d’équilibrer les influences celtiques et saxonnes dans la Wicca. Mais n’en ayant pas trouvé pour l’équinoxe d’automne, il a cherché un nom dont la symbolique pouvait s’approcher de la thématique du sabbat wiccan. Ayant un temps pensé aux Mystères d’Éleusis, il s’est finalement décidé pour Mabon, du nom d’un dieu gallois. Il n’a pas voulu ajouter un élément grec qui aurait perturbé l’alchimie celtico-saxonne de la wicca originelle. Il n’a cependant pas choisi Mabon au hasard. Le mythe de Mabon est proche de celui de Korê/Perséphone.
Comme elle, Mabon a été enlevé à sa mère, ce qui a provoqué la mort de la végétation. À sa libération la nature a repris vie. Les thématiques de Mabon (autour de la relation entre Modron et son fils Mabon) et des Mystères d’Éleusis (autour de la relation en Déméter et sa fille Kôré/Perséphone) sont proches : remerciement pour la moisson et pour les sacrifices que d’autres ont fait pour notre survie.
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Le sabbat de Mabon et son lien avec d’autres mythes
Il est intéressant de voir le lien qu’il y a entre la moisson et la mortalité. Il ne s’agit pas simplement du lien entre le fait que la moisson signifie souvent la mort de la plante moissonnée. Mais plutôt du fait que sans la moisson, nous n’aurions pas de nourriture, ce qui provoquerait notre mort. Ce lien sera d’autant plus fort à Samhain, troisième festival des moissons, qui est encore plus lié à la mortalité d’un certain point de vue. Mais revenons à Mabon.
Différents mythes mettant en scène un dieu mourant sont liés à ce moment de l’année. La mort de ces dieux étant une allégorie du cycle agricole et de celui des moissons. C’est le cas des dieux grec Dionysos et babylonien Tammuz. À l'équinoxe de printemps, ils reviennent à la vie.
Il peut s’agir aussi de la mort d’un chef pour la survie de son peuple. Par exemple, le dieu de la végétation qui meurt à l’automne pour que son peuple vive de ses bienfaits et qui revient à la vie plus tard. Le meilleur exemple de ce cycle est le dieu égyptien Osiris. Tué et découpé en plusieurs morceaux par Seth, son épouse Isis le ramène à l'équinoxe de printemps suivant, à ce moment-là la nature revit. Sans la présence de ce dieu de la végétation, la nature n’avait plus la force de donner des fruits suffisants pour la survie de tous.
Il s’agit là d’un thème récurrent dans de nombreuses croyances. La mort du dieu, ou du roi, pour la survie de son peuple : de Dionysos, en passant par le mythe du roi Arthur, et même dans le cas de Jésus.
Mabon peut ainsi être vu comme une saison de moisson, mais aussi de chagrin.
Mabon la saison du deuil
Ce moment de l’année a très souvent été associé à la mort et au deuil. Ainsi les paysans de la Grèce antique entonnaient des chants funèbres tout en moissonnant. Dans l’Égypte pharaonique, ils se battaient la poitrine avec des épis de blé en signe de deuil. En Europe, il y avait des rituels pendant les travaux des champs.
Dans de nombreuses cultures il existait le tradition du bouc-émissaire que l’on accablait de tous les maux et dont on se débarrassait par la suite. Comme il pouvait autant s’agir d’une effigie de paille, que d’un criminel, ou d’un animal sauvage, différents traitements existaient. Cela pouvait être l’exil ou l’exécution pour le criminel, le bûcher pour l’épouvantail ou la mort pour l’animal. C’était un sacrifice symbolique pour le bien et la survie de la communauté.
Mabon un moment de fête
Pour autant, le temps des moissons de septembre n’était pas qu’un moment de deuil. Dans toute l’Europe, de nombreuses fêtes étaient organisées. Des moments festifs pour les moissons avaient lieu dans de nombreux villages. Ils étaient les héritiers des fêtes païennes d’avant le christianisme, dont les traditions féodales avaient déjà pris la succession.
L’Église avaient permis le maintien de ces festivités mais elles avaient été expurgées des éléments païens et associées à des saints. Les travaux des champs et les jeux se mélangeaient et se succédaient afin que tous puissent participer. Tout le village était décoré. D’anciens rituels avaient parfois été déguisés sous l’apparence de jeux, souvent sur le thème d’un esprit du blé qui pouvait accorder de bonnes ou de mauvaises récoltes pour l’avenir.
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Mabon dans les pratiques actuelles
De nos jours, Mabon est un des huit sabbats de la roue de l’année. C’est l’un des deux équinoxes où nuit et jour sont égaux, mais c’est l’équinoxe où la bascule se fait en faveur de l’obscurité. Dès le lendemain, les nuits seront plus longues que les jours, et ce jusqu’à l’équinoxe de printemps à Ostara. Cela et la fin de l’été annoncée elle aussi par l’équinoxe, crée une émotion de perte. Même si les jours peuvent encore être beaux, l’automne est là, la nature va commencer à se mettre en sommeil.
Mabon est un moment où l’on exprime sa gratitude envers la nature. Lors des célébrations on peut couper des pommes en deux à l’horizontal pour en révéler l’étoile à cinq branches intérieures. Elle pourra servir de pentagramme sur l’autel. On célèbre la vie avant l’hiver.
C’est le moment de faire du tri sur l’accomplissement de nos objectifs et la réflexion sur de nouveaux projets. L’équinoxe offre un temps de pause entre un état et un autre. C’est le moment de prendre un temps pour réfléchir aux équilibres dans notre vie. Y-a-t’il un équilibre dans ma vie entre le travail et le temps libre. Est-ce que je travaille trop ou est-ce qu’au contraire je joue trop ? Est-ce qu’une chose prend trop de place ? Quels sont les projets à poursuivre et ceux à arrêter ? Mes repas sont-ils équilibrés ? Est-ce que j’accorde assez de temps à mes propres besoins et à mon bien être ? Ma pratique spirituelle est-elle assez équilibrée ? Ma vie en général est-elle assez équilibrée ?
Mabon des champs, Mabon des villes
À ce moment-là de l'année, on commence les préparatifs de l’hiver. Dans les campagnes, on rentre les récoltes. On ramasse et on coupe du bois pour l’hiver. Mais on passe aussi du temps à observer la nature, surtout à la fin de l’après-midi avec la douce lumière automnale. On prendra donc un temps pour se promener dans la nature. Et pour réfléchir en pleine conscience au temps qui passe, aux saisons qui s’enchaînent et aux changements que cela engendre.
En ville, on passera du temps dans un parc, pour être au contact d’un coin de nature, même si elle est bridée. On stimulera nos sens en touchant des feuilles, de l’écorce ou des fleurs, en humant le parfums des fleurs ou de la sève quand cela est possible, en écoutant le moindre chant d’oiseau ou le vent dans les feuilles. Si possible on déjeunera en plein air et on pensera à donner quelques miettes aux oiseaux.
Dans les deux environnements, on se rappellera des réussites par rapport à nos objectifs et des objectifs qui restent à atteindre. Il sera alors temps de faire la part des choses entre ce que l’on désire poursuivre et ce que l’on préfère abandonner.
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Mabon dans les différentes traditions
Maintenant que nous avons fait un tour des origines de Mabon, des pratiques anciennes et des pratiques communes d’aujourd’hui, intéressons-nous aux pratiques des différentes traditions païennes célébrant Mabon.
Les reconstitutionnistes celtes :
Ils se basent essentiellement sur ce qui nous est parvenu de l’ancienne religion celte. De ce fait, ils ne font rien de particulier pour ce sabbat. Il n’y a pas vraiment de preuves que les celtes observaient des rituels pour l’équinoxe.
Les néodruides :
Ils célèbrent l’équinoxe d’automne. Ils le nomment Alban Elfed « le Lumière de l’eau ». Les druides constatent que maintenant les ténèbres vont durer plus longtemps que la clarté. Ils remercient la Nature pour l’abondance des récoltes. Plus influencés par la wicca que les reconstitutionnistes, leurs célébrations ont tendance à ressembler à celles des wiccans.
Les religions nordiques et germaniques :
Ils n’ont pas de traditions particulières pour ce moment de l’année. Certains adeptes de l’Asatrú influencés par la wicca célèbrent cependant Mabon.
La sorcellerie traditionnelle :
Ils ont un lien très profond avec la nature. Ils pratiquent d’ailleurs une magie très proche de la nature. Ils célèbrent le changement de saison et fêtent selon les coutumes locales. Leurs pratiques sont plutôt personnelles.
Les néopaïens et la sorcellerie éclectique :
Ce sont des polythéistes modernes. Ils ne se considèrent ni comme des wiccans, ni comme des sorciers traditionnels. Pour eux Mabon est le jour de l’équilibre personnel. Ils ont souvent leurs propres rituels personnels et honorent simplement le changement des saisons dans leur vie quotidienne.
Les wiccans :
Mabon a été créé par la Wicca. Ils célèbrent naturellement ce sabbat et incluent les activités que l’on a vu dans le passage sur les pratiques actuelles. En plus de cela, ils font une cérémonie au cours de laquelle un rituel peut avoir lieu.
Les païens celtiques :
Ils ont des pratiques proches de celles des néopaïens. Pour eux Mabon est la fête d’Avalon. La pomme tient une place essentielle dans leurs célébrations. Avalon étant la terre des pommes.
Les païens helléniques :
Pour ces païens qui se réclament de la religion des grecs anciens, les festivités commencent au coucher du soleil de la première nouvelle lune de septembre. Elles durent sept jours pendant lesquels diverses divinités sont honorées. Certains essaient de recréer des pratiques proches de celles des Mystères d’Éleusis. Ils font des offrandes et des libations en reconnaissance des récoltes.
La stregheira :
La sorcellerie italienne célèbre l’ « equinozion du Autunno ». Ses adeptes honorent la terre. Ils observent le changement du Seigneur de la Lumière en Seigneur des Ombres.
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Sources :
- Mabon Rituels, Recettes et Histoire de l’Equinoxe d’Automne, Diana Rajchel, Éditions Danaé
- Scott Cunningham, La Wicca, Magie blanche et art de vivre, Éditions du Roseau
- C. Wallace, La magie wicca, Éditions De Vecchi
- Sharlyn Hidalgo, Rites de magie celtique, Les cérémonies des treize lunes de de samhain, Editions Danaé
- Opakiona Blackwood et Avy Raé, Almanach des Sorcières, Une année sous le signe de la magie, Editions Contre-dires
- Lucy Summers, Le livre de la wicca, éditions Contre-dires