Samhain 2024 : histoire et significations, comment fêter le nouvel an des sorcières ?
Samhain, prononcé généralement « sa-ouine », est le dernier rayon de la roue de l’année. Ce mot, issu du gaélique, signifie « la fin de l’été ». C’est aussi le temps des dernières récoltes, celles des fruits tardifs. À Samhain, le voile entre les mondes s’amincit, les portes du Sidhe s’ouvrent, et il est possible de communiquer avec les âmes des défunts ou des êtres spirituels. C’est un temps en dehors du temps, qui n’appartient ni à l’année qui vient de s’écouler, ni à celle qui va débuter. Samhain marque le changement entre deux années. Ni passé, ni futur, il est le passage entre deux mondes. Il s’agit donc d’un sabbat très riche et mêlant des notions tout à la fois éloignées mais proches.
SOMMAIRE :
1 • Les origines de Samhain entre fête des récoltes et hommage aux défunts
2 • Le festival du feu et de la lumière
3 • Une tentative chrétienne d’effacement
4 • Halloween-Samhain à la conquête du monde occidental
5 • Honorer et aider les défunts et les ancêtres
6 • Monstres, terreurs et frayeurs
7 • La tournée des maisons : des farces sauvages aux friandises
8 • Halloween costumé : une histoire de déguisements
9 • Halloween : entre fête et jeux
10 • Dépendance au monde agricole
11 • Samhain dans les pratiques actuelles
12 • Samhain des villes, Samhain des champs
13 • Samhain dans les différentes traditions
14 • Petit point sur d’autres cultures spirituelles
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Petit point au sujet de la date de Samhain :
Différentes informations circulent et de nombreuses personnes nous posent la question…
Selon nous, le voile entre les mondes s’amincit quelques jours avant le 31 octobre, puis est le plus fin le 31 au soir et la nuit. Il s’épaissit ensuite progressivement.
Pour rappel, nous sommes dans le domaine de la croyance. Personne ne détient la vérité.
Selon nous, en suivant le développement des traditions, c’est quand même la nuit du 31 octobre au 1er novembre que le contact avec l’autre monde sera le plus intense.
Certaines traditions se réfèrent à une date astronomique de Samhain (autour du 8 novembre). D'autres le fête le jour de la pleine lune la plus proche du 31 octobre... Chacune et chacun suivra la date qui lui convient en fonction de ses propres croyances.
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Les origines de Samhain entre fête des récoltes et hommage aux défunts
C’est à la période de Samhain que se font les dernières récoltes. À ce moment-là la nature se prépare au sommeil hivernal, les récoltes sont rentrées, les animaux se préparent à l’hibernation, d’autres prennent des forces pour l’hiver. Dans les temps anciens, c’était le moment de faire les derniers inventaires avant l’arrivée de l’hiver. Il était temps de planifier les travaux agricoles pour l’année à venir. Pour les paysans on arrivait à la fin du cycle des travaux des champs. Ce n’est pas un hasard si les Celtes considéraient Samhain tout à la fois comme la fin de l’année et le début de la suivante.
En fait, il s’agissait d’un jour entre les deux. N’appartenant ni à l’année qui vient de s’écouler, ni à celle à venir. Entre le passé et le futur mais n’étant ni l’un, ni l’autre. Un temps hors du temps, pendant lequel le voile entre les mondes s’amenuise. Un moment où le franchissement des frontières entre les mondes est possible pour les âmes des défunts et pour les êtres magiques, spirituels ou féeriques. C’est ce qui fait de Samhain le sabbat pendant lequel honorer les morts. Mais aussi celui pendant lequel il faut prendre garde aux êtres parfois malveillants qui pourraient venir de l’autre monde. C’est pour cela qu’il faut se protéger. En faisant des protections pour son habitation, ou en se déguisant pour détourner l’attention. Un moyen facile de se protéger est la fameuse citrouille évidée et sculptée dans laquelle on place une bougie. Mise à la fenêtre, elle éloignera les êtres malveillants. Son ancêtre, le navet creusé, est tout aussi efficace. Cet amincissement du voile en a fait depuis toujours un moment idéal pour des pratiques ésotériques telles que la magie et la divination.
Rapidement une dualité est apparue concernant les pratiques liées à cette fête. Pour simplifier on peut différencier le sabbat de Samhain qui est une fête sérieuse, avec la célébration d’une cérémonie et des pensées aimantes pour les ancêtres. Et Halloween, son pendant plus débridé pendant lequel la sauvagerie pouvait être libérée.
Le festival du feu et de la lumière
Samhain est un des quatre festivals du feu. Il est même considéré comme le plus important d’entre eux. Les festivals du feu sont les sabbats, dit majeurs, qui se situent à mi-chemin entre les sabbats astronomiques qui sont soit un équinoxe, soit un solstice. Samhain est entre Mabon, équinoxe d’automne, et Yule, solstice d’hiver. La tradition était de laisser les feux s’éteindre dans les maisons. Le druide allumait alors un feu sacré. À la fin de la cérémonie on récoltait une braise du feu sacré, ou on allumait une torche, et on s’en servait pour rallumer le feu de son foyer et des torches autour des champs, notamment au Pays de Galles et en Écosse.
Dans certaines contrées, le druide utilisait un arc et un fuseau pour allumer le feu. L’arc tournait d’est en ouest en imitant la course du soleil et par friction avec le fuseau des étincelles donnaient naissance aux premières flammes, sur une pièce de bois.
Ce festival était l’occasion de prières, offrandes et sacrifices. On sortait à ce moment-là le Crom-cruach qui pouvait représenter un dieu ou le soleil. Les offrandes étaient faites de nourriture que l’on déposait aux abords des villages ou des fermes pour les esprits errants, les âmes des défunts et le peuple des fées. Pour le sacrifice, il s’agissait d’un animal issu du bétail. Que l’on offrait aux mêmes esprits, âmes et peuple des fées, ainsi qu’aux divinités. Son essence leur était offerte, tandis que la viande était consommée.
Le festival celtique du feu s’est perpétué jusqu’à nos jours. Les feux de joie n’ont jamais totalement disparu. Leur rôle premier était d’effrayer les fées et les esprits néfastes pour protéger la communauté. Ensuite ils sont devenus une protection contre les sorts.
Mais le feu n’est pas que le feu sacré, il s’agit aussi de la flamme des bougies. De nombreuses légendes dissuadaient les gens de sortir de chez eux la nuit de Samhain. Ceux qui devaient sortir la nuit portaient autour du cou un navet creusé dans lequel était placée une petite bougie. Voilà l’ancêtre des citrouilles sculptées que l’on emploie encore aujourd’hui. La légende raconte qu’un forgeron nommé Old Jack était si méchant qu’à sa mort, ni le paradis, ni l’enfer n’ont voulu de lui. Il se retrouva coincé pour l’éternité au purgatoire. La nuit d’Halloween, il devait parcourir les routes avec seulement une lanterne pour s’éclairer. Voilà l’origine de la légende de Jack O’lantern, dont on reproduit la tête effrayante en sculptant les citrouilles. À l’origine, il s’agissait de navets, jusqu’à ce que la citrouille américaine ne détrône le bon vieux navet. Cette effigie du méchant Jack était utilisée pour apeurer les fées néfastes. Au fil du temps, les protections contre les fées se sont muées en protection contre les sorts. En Angleterre, au XIXème siècle, c’est pour se protéger de leurs sortilèges que l’on brûlait une effigie de sorcière.
Une autre pratique relevant du festival du feu nous vient d’Irlande. Le soir de Samhain, tous les deux étaient éteints. Et l’on s’éclairait à la bougie. Les femmes les fabriquaient elle-même. Elles les offraient à leurs voisines, qui faisaient de même. Une fois allumées, on priait avec ces bougies et on demandait une bénédiction pour les voisins qui avaient offert ces bougies. Ainsi tout le monde priait pour tout le monde afin de créer un réseau de protection.
Une tentative chrétienne d’effacement
Samhain n’a pas échappé aux tentatives de l’Église d’effacer les fêtes païennes. Pour Samhain cela s’est produit en deux temps. En 609 EC (de l’ère commune, en remplacement de « après J-C ») le pape Boniface IV a créé la fête des Saints et des Martyrs le 13 mai. Mais devant la persistance des festivités de Samhain dans l’ancien territoire celte et d’autres festivités païennes équivalentes dans d’autres territoires de la chrétienté, le pape Grégoire IV décida en 835 EC le déplacement de cette fête au 1er novembre pour la faire coïncider avec la fête des morts. La Toussaint est ainsi créée la 1er novembre. Plus tard lui sera adjointe la fête des défunts le 2 novembre.
Cette tentative papale a été un semi échec quand on considère que les pratiques païennes sont en partie restées, qu’elles n’ont été que mises sous couvert et que plus tard Halloween a concentré toutes les anciennes pratiques païennes la veille de la Toussaint.
Et malgré tout ce qu’elle a entrepris, l’Église chrétienne n’a pas réussi à supprimer Samhain. Peut-être parce que cette fête offre une chance de renouveau après l’année qui vient de s’écouler, l’occasion de nous relier aux morts avec amour, et aussi la possibilité d’avoir un exutoire au travers des farces, des jeux et des déguisements. Car Samhain et au-delà Halloween permettent de se libérer des normes. Les païens célébraient la vie, avec Samhain il le font en honorant les morts, en rendant hommage aux ancêtres qui ont permis que nous soyons là. Ces idées se sont fondues dans la Toussaint chrétienne et on ressurgit dans le néo-paganisme.
Halloween-Samhain à la conquête du monde occidental
Halloween s’est développé dans la pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis, où il a été importé par les migrants Irlandais. Dans les années 1950, les villes américaines ont commencé à organiser des tournées « trick or treat » (un bonbon ou un sort) pour distraire la jeunesse. Mais à ce stade Halloween reste simplement une fête populaire. C’est à partir des années 1970 qu’Halloween devient peu à peu une fête commerciale. C’est à ce moment qu’elle est devenue une fête pour tous et plus seulement à destination des enfants. Les entreprises ont commencé à faire des bonbons avec des emballages spéciaux pour la fête et de la décoration pour les maisons et les événements. Les étudiants ont institué des fêtes costumées. Et la communauté LGBT s’est approprié la fête car en se déguisant, elle permettait à chacun d’être soi-même pour une soirée. Le point négatif de ce développement a été les dérives de certaines farces qui n’ont été que prétexte à des destructions coûteuses pour les victimes ou la communauté.
Conscient des origines païennes d’Halloween, des groupes chrétiens se sont constitués pour combattre, sans succès, la croissance en popularité de cette fête.
Depuis, le rouleau compresseur de la pop-culture américaine à diffusé Halloween dans de nombreux pays où cette fête n’avait jamais existé, ou du moins pas sous cette forme. Ce phénomène a été favorisé par de nombreux films ou séries des années 1990 et 2000.
Parallèlement à ce développement, Samhain a suivi un chemin proche. Dans les années 1980 le paganisme a commencé à se développer aux États-Unis et la sorcellerie traditionnelle à se redévelopper au Royaume-Uni. De plus en plus de païens célèbrent Samhain le 31 octobre, ou pour certains à la pleine lune la plus proche du 31 octobre. Même si au Royaume-Uni il y a toujours eu de vieilles coutumes intégrées à la culture populaire.
Beaucoup de païens aujourd’hui mélangent des éléments tenant de Samhain et d’Halloween : regarder un film d’horreur ou fantastique, participer à un évènement costumé, faire la tournée des maisons, sculpter une citrouille, faire une cérémonie pour célébrer le sabbat…
Alors qu’à Samhain le voile s’amincit et que la frontière entre les mondes devient franchissable, les limites entre le spirituel et le quotidien s’effacent aussi. Les cultures spirituelles et populaires deviennent perméables.
Honorer et aider les défunts et les ancêtres
Les torches, lanternes, navets ou citrouilles allumés au bord des chemins ou sur les rebords des fenêtres avaient pour fonctions d’éloigner les mauvaises sorcières. Mais elles éclairaient aussi le chemin des ancêtres qui traversaient le voile pour nous rendre visite. Les sentiers et chemins étaient éclairés pour les guider. Des bougies étaient aussi placées aux fenêtres à l’ouest pour représenter la terre des morts. Dans de nombreuses religions anciennes c’est à l’ouest que se situe le territoire des défunts. N’hésitez pas à placer une bougie sur un rebord de fenêtre pour guider les âmes des défunts. Veillez à faire bien attention aux rideaux afin de ne pas finir vous même dans un feu de joie…
Un dîner peut être organisé pour les ancêtres qui franchissaient le seuil pour rendre visite aux vivants. La tradition était de prendre ce repas en silence. C'est-à-dire qu’il fallait murmurer pour se parler. Une place, une assiette et des couverts étaient réservés pour les défunts. Les seuls moments à voix hautes étaient l’invitation à venir en début de repas et l’invitation à repartir en fin de repas. En Irlande, on laissait aussi un gâteau réservé aux morts à la fenêtre ou devant la porte. Il était dit que si l’on mangeait ce gâteau, on serait condamné à passer l’éternité sous la forme d’un fantôme affamé. Une fois le repas terminé, les enfants pouvaient jouer à des jeux traditionnels de samhain, tandis que les adultes se retrouvaient entre eux pour se remémorer des souvenirs de l’année écoulée et en faire le bilan.
Concernant les offrandes aux morts, deux pratiquent existent. Certains considèrent que les défunts, les esprits, les membres du peuple des fées, ou les divinités, ne consomment que l’essence, l’énergie de la nourriture. Par conséquent, on peut manger la substance et se nourrir uniquement des calories de ces aliments. D’autres considèrent qu’il faut déposer, ou enterrer les offrandes dans la nature.
Monstres, terreurs et frayeurs
De part le fait que l’amincissement du voile permette aux esprits, aux âmes des défunts et aux êtres féeriques de passer facilement d’un monde à l’autre. Samhain s’est trouvé peuplé de différents monstres provoquant terreurs et frayeurs.
Les plus anciens existent depuis l’époque celtique païenne. La nuit de Samhain personne ne sortait sans une lanterne et les gens sortaient de préférence en groupe. Tous craignaient de rencontrer des Pucah, ce sont des fées capables de changer de forme. Ils séduisent les humains et les enlèvent dans leur monde. Voilà vraisemblablement une des manifestations les plus anciennes de fées néfastes. Mais avec le temps d’autres sont apparues. Nous n’allons pas toutes les citer, il en existe trop. Nous allons simplement en évoquer certaines.
Une des plus emblématique est la Dame Gwyn toute vêtue de blanc, parfois sans tête. Elle peut être maléfique ou inoffensive en fonction de son humeur, elle peut punir ou hanter. Dans ses mauvais jours, elle peut poursuivre les voyageurs. C’est la Dame Blanche des contes populaires que l’on retrouve dans de nombreuses légendes à travers l’Europe et l’Amérique du Nord. Une théorie avance qu’il s’agit en fait d’un vestige d’une ancienne déesse. Ou même qu’il y aurait plusieurs Dames Blanches, qui seraient des manifestations d’anciennes déesses oubliées des humains. Selon cette hypothèse une déesse aurait peu à peu perdu de son aura et serait devenu dans les souvenirs humains un esprit de l’eau. Avec la christianisation cet esprit serait lui-même apparu comme un fantôme. Et ce fantôme serait devenu une Dame Blanche. Ce déclassement serait lié à la progression du christianisme.
Un autre être monstrueux est Dullahan. Il s’agit d’un lutin malicieux, attention il ne s’agit pas d’un des gentils lutins qui peuvent peupler les contes pour enfants de nos jours. Ce lutin est mauvais envers les humains. Le Dullahan peut aussi se montrer sous la forme d’un cavalier sans tête. Quelle que soit sa forme, il apparaît la nuit sur les routes désertes. Le croiser est un présage de mort. Lorsqu’on l’aperçoit sans tête, ou plutôt portant sa tête, il appelle le nom de celui dont la mort est annoncée.
Encore plus terrifiantes que le Dullahan sont l’Armée des Fées et la Chasse Sauvage. L’Armée des Fées se manifeste essentiellement dans les îles britanniques, tandis que la Chasse Sauvage a comme lieu de prédilection l’Europe du Nord. Selon la tradition celtique, pendant la saison de Samhain les tertres des fées s’ouvraient pour laisser passer l’Armée des Fées. C’est un groupe de chasseurs expérimenté issu du peuple des Fées. Ils sont accompagnés de terrifiants chiens qui aboient sans discontinuer. Le but de leur chasse est de capturer des humains. Pour leur échapper, la seule solution est de se jeter sur un bout de terre nue ou dans un champ en friche. Selon les régions et les époques, l'identité des chasseurs change. Et ils peuvent être rattachés à des personnages d’autres légendes, comme le Roi Arthur. Bien que terrifiants, ils ne sont sensé capturer que des personnes ayant commis des fautes, des délits ou des crimes. Ils ne font pas attention à la faute commise et la plus petite des faute sera un motif suffisant pour emporter une personne. En Europe du Nord la Chasse Sauvage est souvent conduite par le dieu du temps et de la mort, en l’occurrence Wotan / Woden / Odin. Odin lui-même conduisait cette chasse appelée aussi la Chasse Furieuse, accompagné de Bertha et Holda. Dans les campagnes christianisées il était dit que Bertha regroupait et emportait les enfants non baptisés. Ces deux chasses se ressemblent, elles existent dans de nombreuses traditions religieuses indo-européennes sous des noms différents, des Celtes aux Scandinaves et Germains, et jusqu’en Inde.
Les chiens de ces chasses avaient leurs propres légendes. Les entendre hurler dans la nuit était un présage de mort. Ils étaient parfois assimilés aux enfants morts sans être baptisés ou eux feux-folets qui étaient censés attirer les voyageurs vers la mort.
Ces légendes et histoires ont pendant longtemps hanté les campagnes européennes. Nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas sortir en cette période de l’année à la nuit tombée. Et surtout pas la nuit de Samhain / Halloween, de peur de mourir s’ils rencontraient un de ces êtres monstrueux. Pour éviter à ces êtres de rentrer dans les maisons, des protections étaient mises en place. Pour protéger les bébés on y mettait quelques gouttes d’eau bénite. Pour un enfant on suspendait un parshell au dessus du lit, on pouvait aussi mettre de la farine d’avoine ou du sel sur leur tête. De la nourriture était placée à l’extérieur pour détourner l’attention de ces visiteurs indésirables.
En cas de mauvaise rencontre, une solution toute irlandaise était de ramasser de la terre sous ses pieds, de la jeter au visage de la fée maléfique et de partir en courant.
La tournée des maisons : des farces sauvages aux friandises
La tradition actuelle pour les enfants, adolescents, et parfois jeunes adultes, de faire la tournée des maisons en demandant une friandise et en menaçant le récalcitrant d’un sort est issu de très vieilles traditions gaéliques. On trouve des traces de vieilles coutumes en Irlande, en Écosse et sur l’Île de Man. Elles avaient souvent lieu plusieurs jours consécutifs avant Samhain.
En Irlande les plus pauvres allaient de maison en maison en troquant une chanson ou une prière pour honorer les morts en contrepartie d’un « gâteau des âmes ». Il s’agissait de biscuits ronds marqués d’une croix représentant les âmes coincées qui n’arrivaient pas à rejoindre l’autre monde. Ces pauvres gens portaient souvent des lampes en navet pendant leur tournée, en lien avec la vieille légende du vieux Jack O’lantern, et pour se prémunir des monstres évoqués plus haut.
Dans le Somerset le 30 octobre se déroule la « Nuit des Punkies ». Les enfants portent une lanterne navet et font la tournée des maisons en demandant une pièce. Avec l’argent récolté ils vont s’acheter des feux d’artifices tirés le jour suivant lors de la « Nuit des sottises ». La légende veut qu’un refus expose à l’arrivée d’un malheur.
Dans d’autres contrées les enfants entonnent des Chants d’Halloween aux gens qui leur ouvrent leur porte, en échange de gâteaux des âmes.
En Irlande, anciennement existait le Théâtre des Mummers, un théâtre populaire itinérant proposant des pièces étranges et au scénario assez flou et parfois mal ficelé. Cette tradition a été peu à peu remplacée par une nouvelle coutume qui existe encore aujourd’hui. Celle d’aller de maison en maison et de demander aux personnes qui ouvrent leur porte « Donnez pour la fête d’Halloween ! Vous avez des pommes ou des noix ? »
En France une telle tradition existait il y a longtemps dans certaines régions. Mais ce sont des fleurs pour garnir les tombes que les enfants demandaient.
Une autre origine de l’Halloween actuel est la vieille tradition des farces. Mais il ne faut pas penser à de gentilles petites blagues. Faire des farces est une pratique très ancienne. Elle avait l’avantage d’accuser les fées pour les méfaits et de passer entre les mailles d’une quelconque punition. L’autre but est de tromper les fées, en leur montrant qu’il n’était pas nécessaire qu’elles viennent, étant donné qu’une mauvaise farce avait déjà été faite. Les farces pouvaient avoir des conséquences plus ou moins fâcheuses : dégonder une porte qu’il suffisait ensuite de remettre en place, savonner des fenêtres qu’il fallait ensuite rincer à de nombreuses reprises, ou encore retirer les piquets de barrières ce qui était encore plus long à remettre en place.
Une hypothèse a été émise concernant ce type de mauvaises blagues. Samhain étant la période de l’année où le voile est le plus fin entre les mondes, il s’agissait de ce que l’on a appelé des farces du seuil. En dégradant les portes, fenêtres et barrières, on détruit symboliquement des barrières du voile. Cela n’avait donc rien de sympathique. En effet, cela réduisait les protections face aux esprits et créatures malfaisantes.
Par manque de sources écrites, les véritables intentions de ces farces ne sont pas connues de manière sûre. Il ne reste que des traditions orales selon lesquelles les farces étaient tournées contre des membres peu appréciés de la communauté.
En Écosse le 30 octobre porte le nom de la « Nuit du Chou », en Nouvelle-Écosse, au Canada, elle est appelée « Nuit du trognon de Chou ». Il s’agit, lors de cette nuit, de jeter des trognons de chou sur les portes de personnes contre lesquelles on a une rancune. Il s’agit d’un exutoire à la colère ne provoquant pas trop de dégâts.
En Angleterre, lors de la nuit des sottises, dont nous avons parlé plus haut pour le côté bon-enfant, certaines pratiques beaucoup moins agréables ont pu avoir lieu. Il s’agissait pour les jeunes gens de mettre la pagaille. Ils pouvaient jeter des pétards dans les boîtes aux lettres, blanchir des fenêtres à la chaux, mettre de la colle dans les serrures, ou carrément voler des portails.
Une des farce les plus désagréable était celle appelée « Brûler le Reekie Mehr ». Il s’agissait d’enduire une des extrémités d’une tige de chou kale de suif et d’y mettre feu avant de le coller à la serrure d’une porte et de souffler dessus pour que la fumée rentre dans la maison. On ne parle pas ici de nos serrures actuelles, mais des anciennes serrures à grosses clés qui du coup avaient un gros trou.
Il existait encore bien d’autres farces. Nombre d’entre elles étaient sensées imiter celles que l’on attribuait aux fées. Mais il faut bien avouer que le véritable but était bien souvent de se venger de personnes que l’on appréciait pas.
C’est sur ces doubles origines que la fête actuelle d’Halloween s’est construite. Peu à peu, aux États-Unis, comme ailleurs, les municipalités ont encadré les pratiques. Les mauvaises farces ont peu à peu disparu. Et la tournée des maisons en quête de friandises s’est développée en supplantant les autres traditions. La seule tradition à résister a été celle du déguisement. Même si ces déguisements ont bien évolué.
Halloween costumé : une histoire de déguisements
À l’époque des anciens celtes, les Druides et les villageois se déguisent en animaux ou en créatures effrayantes. Ainsi vêtus, ils erraient à la frontière de leur village. Leur but était de détourner les êtres malveillants en leur faisant croire que d’autres étaient déjà là. Il était aussi considéré qu’il fallait agir avec hospitalité avec un étranger, surtout en cette période de l’année, car il pouvait s’agir d’une elle-même divinité déguisée.
En Grande Bretagne et en Irlande, cette tradition a évolué et a donné naissance au théâtre itinérant « mumming » dans lequel les acteurs entonnent des chants traditionnels et se déguisent à la manière des anciens celtes. Un homme déguisé en cheval accompagnait parfois les mummers dans leurs tournées. Il était souvent appelé « Vieux Hob » ou « cheval sauvage ».
Dans le sud du Pays de Galles, des garçons avaient l’habitude de se déguiser en filles et de chanter en l’honneur de la Dame Blanche. D’autres se grimaient en Gwarchol, une vieille sorcière habillée de haillons, de peaux de mouton et portant souvent des masques.
Quand les Irlandais sont arrivés en Amérique, ils ont apporté avec eux leur coutume du déguisement. Ils se retrouvaient entre eux pour organiser des parades déguisées. Peu à peu, ils ont attiré leurs voisins. Et tout le monde a commencé à se déguiser.
L’influence de l’esthétique victorienne venant d’Angleterre et très populaire aux États-Unis a transformé la fête Irlando-britannique en un Halloween bien plus calme. Les farces des lointaines contrées européennes ont été bannies, rendant l’ambiance nettement plus bon-enfant. Des images de l’époque, notamment de vieilles photographies de la fin du XIXème siècle, nous donnent des exemples de nouvelles pratiques : imitations de sorcellerie et divination entre autres pratiques.
Les années 1930 ont apporté une nouvelle évolution. Les déguisements traditionnels de fées, lutins, ou fantômes, ont laissé la place à d’autres déguisements plus élaborés et plus influencés par la culture populaire américaine. Ce mouvement a été rendu possible avec le développement d’entreprises du déguisement.
Halloween : entre fête et jeux
Le nouvel Halloween pacifié n’en a pas pour autant oublié le côté festif et les jeux populaires d’antan, auxquels d’autres sont venus s’ajouter. La nuit d’Halloween est peu à peu devenue une soirée de divertissement pour les enfants. Les adultes quant à eux faisaient le bilan de l’année écoulée et réfléchissaient aux projets pour celle à venir. C’était aussi l’occasion de se réunir en famille, un peu comme pour chaque sabbat.
La pomme était souvent au centre des jeux pour les enfants. Les deux jeux les plus populaires étaient celui qui consistait à mettre des pommes dans une grande bassine d’eau. Il s’agissait ensuite de retirer une pomme avec les dents. Parfois une pièce était placée au fond de la bassine et celui qui arrivait à l’attraper pouvait la garder. Le second s’appelle « Snap Apple », la légende veut qu’il remonte aux anciens celtes et aux druides. Il s’agissait d’attraper, toujours avec les dents, une pomme suspendue à une corde.
Cette soirée était aussi l’occasion d’organiser des séances de divination. Mais oubliez les oracles, tarots ou pendules. Ici la pomme et les noix étaient les invitées d’honneur. Différentes techniques existaient, nous allons en voir quelques-unes.
On pouvait prendre une pomme et l’éplucher en spirale de façon à n’avoir qu’une seule épluchure. On la jetait ensuite par-dessus son épaule et on essayait de voir dans la forme de cette épluchure sur le sol, la première lettre du nom de la personne qui nous aimait en secret. Une variante disait que si la pelure était entière on se marierait dans l’année, alors que si elle était cassée le verdict était qu’il faudrait attendre au moins un an de plus pour se marier. Toujours avec la pomme, et pour ne rien gaspiller, on pouvait utiliser les pépins. Il fallait au préalable bien réfléchir à une question à seulement deux réponses possibles. On déterminait de quelle côté du visage était chaque réponse et on plaçait sur chacune de ses joues ou de ses paupières un pépin encore humide. Le premier pépin à tomber indiquait la réponse.
Parmi les méthodes de divination basées sur les noix, il y avait celle qui permettait de connaître la compatibilité de deux amoureux. On prenait deux noix, chacune représentait un des deux amoureux. On les jetait dans le feu et on observait leur réaction. Si les deux noix brûlaient ensemble d’un feu vif, le mariage serait heureux. Si elles s’écartaient, ils seraient globalement heureux, mais il y aurait des disputes. Enfin, si l’une des deux ne s’enflammait pas, le couple ferait un mariage fort bien malheureux.
Bien d’autres méthodes de divination existaient et utilisaient du chou kale, le feu, les cendres, une pelote de ficelle, des fleurs,… Beaucoup des divinations de Samhain tournaient autour de la thématique amoureuse. Il s’agissait de découvrir l’identité du futur époux, ou de la future épouse, ou du succès éventuel du couple envisagé. Mais d’autres sujets étaient aussi source de questionnement : la richesse, le travail, le climat des mois à venir, la santé...
Dépendance au monde agricole
Comme tous les sabbats, Samhain coïncide aussi avec un temps fort du calendrier agricole. C’est la saison des dernières récoltes. Celle des fruits tardifs. C’est aussi le moment où l’on rentre le bétail dans les étables après qu’il ait passé toute la saison claire dans les pâturages.
Même si nous le ressentons moins depuis l’existence de réfrigérateurs et des supermarchés, les humains sont très dépendants du rythme des saisons, du rythme agricole. Nous devons toujours nous nourrir des bienfaits que nous offre la nature. C’est pour cela qu’il faut aussi penser à honorer la nature lors de la cérémonie de Samhain.
Samhain dans les pratiques actuelles
De nos jours, de nombreux païens fêtent Samhain le 31 octobre, le même jour qu’Halloween. Pour d'autres, c'est le jour de la pleine lune la plus proche du 31 octobre. La célébration de Samhain est souvent un moment calme et solennel. Pour beaucoup c’est le sabbat le plus important de l’année.
Pour les païens modernes ce jour est un savant mélange entre les pratiques culturelles actuelles le fête, les déguisements, les films d’horreur ou fantastiques, et les traditions ancestrales.
Les pratiques actuelles de Samhain sont très fortes et se retrouvent dans de nombreuses traditions. Il s’agit d’honorer les morts et d’avoir une pensée pour eux. En ce sens on prendra un temps pour se remémorer des souvenirs avec nos êtres aimés disparus et pour les remercier d’être ici grâce à eux. On aura des réflexions sur l’année qui vient de s’écouler, en faire le bilan pour prendre conscience des objectifs que nous avons réalisés, de ceux que nous avons abandonnés en chemin et de ceux qu’il reste à poursuivre. Ce moment sera idéal pour s’interroger sur pourquoi nous avons abandonné certains projets, ainsi que pourquoi d’autres sont en cours mais n’ont pas été terminés. Ensuite il s’agira de lister les objectifs que l’on se fixera pour l’année à venir, faire des plans, des projets. Dans cette idée de réflexion, prenez aussi un moment pour penser aux choses qui nous font peur. La fête d’Halloween tient ici une de ses origines probable, se déguiser pour évacuer certaines de nos peurs.
Nous pourrons prendre un temps pour méditer, pour se recentrer sur soi-même, et un autre pour pratiquer la divination.
Enfin, une fête sans manger n’est pas vraiment une fête. On peut organiser un grand repas avec nos proches. On veillera à laisser une place avec assiette et couvert à l’intention des défunts. On servira une part pour les âmes des défunts. Certains invitent des être aimés décédés pour qu’ils partagent ce moment avec eux. Pour ma part je considère qu’il ne faut pas déranger les morts. Chacun d’entre eux a un parcours à effectuer et nous ne savons pas à quel point de leur évolution ils en sont. Je préfère alors ne pas inviter nommément une personne défunte, mais plutôt lancer une invitation ouverte à mes chers disparus. Viendront ceux qui le voudront et ceux qui le pourront. Pour le repas, on utilisera des fruits et légumes de saison comme des betteraves, des navets, des pommes, du maïs, des noix, du pain d’épices, du cidre, du vin chaud et de la citrouille. Ou pourquoi pas préparer un colcannon, typiquement irlandais.
Sur l’autel on aura dressé une nappe noire qui symbolisera la nuit, les profondeurs de la terre, le passage entre les mondes. On pourra déposer des fleurs de soucis ou de chrysanthème pour la décoration, ainsi que des feuilles, des citrouilles, des pommes, ou d’autres fruits tardifs. On pourra aussi déposer une assiette dans laquelle nous aurons dessiné une roue de l’année à huit rayons et dans laquelle les offrandes seront déposées. Les offrandes pourront être composées de noix, de pommes de pin, de feuilles mortes, de pommes...
Sur la table, sur l’autel, ou sur tout autre endroit adapté, on pourra installer des photos de nos chers disparus et leur offrir quelques fleurs en hommage.
Quand on le peut, on allume un feu de joie. Sinon, on place une bougie à la fenêtre pour guider les âmes vers les contrées de l’été éternel. Il est aussi recommandé d’enterrer une pomme pour les nourrir pendant leur voyage. Enfin, on balaiera son habitation, mais il ne s’agit pas du nettoyage habituel. Là on visualisera que les énergies résiduelles bloquées sont balayées et remises en liberté à l’extérieur. On finira donc son coup de balais en poussant les énergie par la porte ou une fenêtre si on est en immeuble, l’idée est de les libérer hors des murs. On a ainsi préparé sa maison pour la cérémonie de Samhain.
Lors du rituel, on pourra prendre un morceau de papier et inscrire dessus un aspect de notre vie dont on souhaite se défaire, ou pour le moins atténuer. Il peut s’agir d’une colère, d’une rancœur, d’une maladie, de mauvaises habitudes ou d’une affection placée sur un mauvaise personne. Il faudra ensuite le brûler dans un feu ou à la flamme d’une bougie. Pendant qu’il brûle, on visualisera le mal diminuer. L’idée est de se purifier des scories intérieures qui nous hantent.
Un autre petit rituel est de lister sur une feuille des objectifs que l’on se fixe pour l’année à venir. On gardera précieusement cette liste pendant toute l’année, éventuellement on la rangera dans le livre des ombres. Au Samhain suivant on en fait le bilan : quels sont ceux qui ont été remplis et quels sont ceux qui ne l’ont pas été. Parmi ces derniers, quels sont ceux que l’on va reconduire pour l’année à venir et quels sont ceux qui ont été abandonnés. On se demandera pourquoi ils ont été abandonnés, quelles en sont les vraies raisons en tout objectivité, car l’idée est aussi d’en tirer des leçons pour nous même. On prend une nouvelle feuille sur laquelle on reporte les objectifs à reconduire et on inscrit de nouveaux pour l’année à venir. On peut maintenant brûler l’ancienne feuille au cours du rituel.
Samhain des villes, Samhain des champs
Nous parlerons ici plutôt de l’approche culturelle, les pratiques rituelles seront vues plus loin. En ville le « trick or treat » anglo-saxon est facile à mettre en place. S’il n’est pas répandu partout en France, il est parfois organisé par les municipalités, ou parfois les enfants se lancent seul à la chasse aux bonbons, toujours accompagné de parents et ou d’adolescents plus âgés. Bien souvent c’est un prétexte pour ces derniers de pouvoir eux aussi collecter des friandises. Les adolescents se plaisent aussi à regarder un bon film d’horreur, juste de quoi créer un peu de frisson et avoir peur à la nuit tombée.
Malheureusement, la fête reste toujours un prétexte pour certains à commettre certains vandalisme, sous couvert de farce. Certaines sont plus bon-enfant, quoique désagréables, comme lancer du papier toilette dans les arbres, les jardins et sur les toits. D’autres sont bien plus mauvaises, comme casser des citrouilles, faire des dégâts matériels, ou comme dans l’ancien temps voler les barrières. En Irlande notamment, ces farces sont une tradition qui se perpétue en certains lieux.
À la campagne les choses sont légèrement différentes. Ici ou là, des fêtes d’Halloween sont organisées dans les villages et on rassemble les enfants pour faire du porte à porte. Souvent un groupe de parents organise la ballade. J’ai déjà pu assister à une manifestation de ce type dans le Sud-Ouest, dans un petit village. Les enfants déguisés étaient ravis de demander des bonbons à tout le voisinage. Dans les pays anglo-saxons ce n’est pas seulement une tournée des pays qui est organisée dans les villages. L’ambiance de passé est recréée, les enfants reçoivent des bonbons mais en plus ils peuvent s’amuser à de nombreux jeux comme la pomme dans l’eau ou le lancé de fléchettes sur un ballon. Pendant ce temps, les adolescents préfèrent souvent se regrouper pour regarder un film d’horreur, comme à la ville.
Que l’on soit en ville ou à la campagne, il est important de trouver un moment pour se promener. Le froid ayant commencé à s’installer, on ne pourra pas officier dehors. Cette balade aura pour but de contempler la nature, les arbres sans feuilles, les arbres avec encore des feuilles aux couleurs de l’automne... Nous nous reconnecterons ainsi à la nature.
Il ne faut pas oublier que Samhain annonce l’arrivée de l’hiver. Comme les animaux, le rythme naturel des humains est un repli sur soi, vers son intérieur. Car comme l’hiver est un temps de repos pour la nature, il l’est tout autant pour les humains. C’est un temps où on devrait prendre plus de temps pour méditer, réfléchir, faire un examen de conscience, tirer les leçons de l’année qui vient de s’écouler. Alors que l’hyper-activité estivale est passée, prenons un temps pour prendre soin de notre nous intérieur. Dans la vie moderne, nous ne prenons pas assez de temps pour le repos dont l’animal que nous sommes à besoin. On s’extrait de la nature, on veut être actif avec la même intensité toute l’année. Ce comportement engendre de la fatigue et parfois de la dépression. Nous devrions réapprendre à être plus en lien avec le rythme saisonnier. Nous reconnecter avec les temps de repos et d’activité naturels.
Samhain dans les différentes traditions
Samhain est une fête d’origine celtique. Mais aujourd’hui elle est célébrée dans de nombreuses traditions et elle est sortie du cadre celtique et wiccan. On peut ainsi invoquer la Grande Déesse et le Dieu cornu, la Morrighan, le Dagda, Hadès, Perséphone, Hécate, Cernunnos et bien d’autres divinités de la mort, de la sorcellerie ou chtoniennes de différents panthéons.
Voyons ce qui différencie les différentes traditions païennes occidentales.
Les re-constitutionnistes celtes
Les reconstitutionnistes celtes essaient de reconstruire l’ancienne religion celtique. Ils ont de ce fait une pratique au plus proche de ce que l’on sait des celtes d’avant le christianisme. Ils n’appellent pas cette fête Samhain mais Oiche Shamhna. Partant du mythe irlandais selon lequel c’est en ce jour que la Morrighan et le Dagda se sont accouplés près de la rivière Unis, il vénèrent la Morrighan en ce jour. Ils ne célèbrent pas toujours Oiche Shamhna le 31 octobre, mais plutôt au plus proche des premières gelées.
La Morrighan représente la force de la mort et de la lune. Le Dagda représente le soleil et la vie. Ce sont donc des énergies complémentaires qui sont très présentes à cette période de l’année qui est entre bilan du passé et renouveau pour l’avenir, entre honorer les morts et célébrer la vie.
Ils font un Autel des morts. Une assiette leur est confectionnée avec des fruits des dernières récoltes, ou des fruits de saison. Elle est placée sur l’autel ou à table à une place qui leur sera réservée.
Pendant la soirée on se raconte des histoires du passé. Notamment des anecdotes d’événements vécus avec les êtres chers disparus.
Les néo-druides
Les néo-druides célèbrent Samhain le 31 octobre. Il s’agit pour eux d’un festival pour honorer les morts. Ils donnent différents noms à cette fête : La Samhna, Sauin, Souney, Calan Gaeaf, Calan Gwef, Nos Cyn Calan Gual, et bien d’autres encore. Pour les druides modernes Samhain est un festival du feu, ceux qui le peuvent allument donc un feu de joie.
Selon une de leurs croyances, c'est à cette période de l’année que La Cailleach (la vieille) vient dépouiller les arbres de leurs dernières feuilles.
Comme le voile s’est aminci, les morts peuvent marcher parmi les vivants et les vivants communiquer avec les morts. Samhain est un moment hors du temps. Passé, présent et futur se confondent en cette journée particulière. Ce qui en fait le moment idéal pour dresser le bilan et de projeter dans l’avenir, tout en étant conscient du présent et du moment particulier que l’on vit.
Les heathers et asatruars
Les païens nordiques célèbrent la Nuit de l’Hiver le 31 octobre. Elle marque la fin de l’été. Ils rendent hommage aux ancêtres. Ils rendent grâce à la terre et la remercient pour les dernières récoltes.
En ce jour particulier, ils honorent la mort et la sagesse.
Dans les temps anciens, ils bénissaient la récolte en laissant dans les champs les derniers boisseaux.
C’est pour eux à cette période de l’année que la Chasse Sauvage commençait à régner sur la nuit, jusqu’à la nuit de Walpurgis.
La sorcellerie traditionnelle
Pour ceux qui suivent la sorcellerie traditionnelle, Samhain est un des quatre festivals du feu. C’est aussi un des trois moments de l’année où le voile s’amincit permettant plus aisément le passage d’un monde à l’autre. Les deux autres moments sont Beltaine le 1er mai et Litha ou solstice d’été.
À Samhain ils honorent les morts et les ancêtres. Il est possible de le faire en nettoyant les tombes de nos ancêtres, ou quand ce n’est pas possible, en allant visiter un cimetière. Moment de passage entre les mondes, les carrefour peuvent symboliser Samhain. Certains iront donc passer un peu de temps à un carrefour au cours de leur promenade. C’est aussi un moment propice à la communication avec les défunts.
Enfin, c’est le moment de se connecter aux énergies du Dieu Sombre et de la Déesse Sombre et de méditer sur ce qu’ils ont à nous enseigner.
Les néo-païens
Les néo-païens ne se réclame généralement pas d’une tradition en particulier. Pour eux Samhain est un temps pour honorer les morts. Ils dressent un autel pour les ancêtres et racontent des histoires et des anecdotes sur leurs chers disparus. Ils pratiquent la divination. Quand cela leur est possible, ils se rassemblent autour d’un feu de joie, surtout à la campagne.
La sorcellerie éclectique
Un peu comme les néo-païens, ils ne s’identifient pas à une tradition en particulier. Mais contrairement à eux, ils empruntent aux différents courants païens selon leurs envies et leurs croyances.
À Samhain ils rendent hommage aux ancêtres physiques ou spirituels, c'est-à-dire aux sorcières et païens d’autres temps. Il s’agit d’honorer les sorcières et sorciers, païennes et païens du passé, sans les connaître.
Leurs rituels concernent essentiellement la partie sombre de l’année. Ils y invoquent des divinités des morts telles que Perséphone et Hadès, Kali Ma, La Morrighan et le Dagda, Hel.
Les wiccans
Pour les wiccans, comme pour les anciens Celtes, Samhain marque la fin de l’année écoulée et le début de l’année nouvelle. C’est à ce titre que l’on surnomme parfois Samhain « le nouvel an des sorcières ».
Pour eux la Déesse est descendue dans le monde des morts pour s'unir au Dieu mourant. C’est son passage d’un monde à l’autre qui affine tant le voile que les âmes des défunts peuvent passer d’un monde à l’autre. Pour cette raison, ils pratiquent parfois des rituels en l’honneur de cette descente et en hommage aux morts. Les âmes des morts décédés dans l’année sont particulièrement honorées pour les aider dans leur voyage.
Parmi les wiccans, les wiccans celtisants suivent les préceptes de la Wicca et le dithéisme entre la Grande Déesse et le Dieu cornu. Cependant, ils se réfèrent aussi au panthéon celte. Ils fêtent Samhain comme les autres wiccans en dressant un autel pour les morts, en réalisant un repas silencieux et en pratiquant la divination. Mais ils invoquent aussi des dieux et déesses celtes de la mort ou ceux associés à Samhain. On peut penser au couple la Morrighan et le Dagdag, mais aussi à Cernunnos.
Les païens hellénistiques
Les païens hellénistiques fondent leurs croyances sur le panthéon grec. Au cours du mois d’octobre ils honorent particulièrement Arès et en novembre Artémis.
Pour eux le festival des morts s’appelle Genesia et se déroule au cours du mois Boedromion à cheval sur septembre et octobre.
Très peu de sources nous sont parvenues concernant le déroulement de cette célébration. Chacun adapte donc à sa façon de voir les choses. Et nombreux sont ceux qui célèbrent Samhain pour célébrer en même temps que la communauté païenne.
La stregheria
La stregheria est la sorcellerie traditionnelle italienne. Ses adeptes fêtent « La Festa del Ombre » le 31 octobre. Ils ont un mythe qui ressemble à celui des wiccans. Leur Déesse descend dans le monde souterrain pour se confronter à la mort. Elle y rencontre le dieu Dis. Un dialogue naîtra entre les deux divinités. Ils discutent sur les raisons de l’existence de la souffrance et de la mort. Ensuite, ils ont une relation sexuelle et partagent ainsi leurs mystères.
Les adeptes de la stregheria font un repas pour les esprits le 31 octobre au soir. Ils laissent du lait et du miel pour les membres du peuple des fées. Et au cours de la soirée ils se souviennent avec tendresse de leurs chers disparus.
Petit point sur d’autres cultures spirituelles
La Toussaint
Le 1er novembre une grande partie de la communauté chrétienne est née d'une tentative papale d’absorber Samhain et les autres festivals des morts des religions pré-chrétiennes. À l'origine, la Toussaint était pour les chrétiens la fête pendant laquelle ils priaient pour tous les morts. Puis, le 2 novembre a été instituée la fête des défunts pendant laquelle ils prient pour aider les personnes récemment décédées à quitter le purgatoire.
El Dia de los Muertos
Cette fête se passe au Mexique le 1er novembre. On y rend hommage aux morts en leur faisant des offrandes alimentaires. Cette fête est issue d’un syncrétisme entre la Toussaint chrétienne et la fête Aztèque des morts. Cette fête avait lieu l’été, mais se trouva ainsi déplacée à l’automne.
Pour ce jour particulier, les Mexicains installent un autel pour les morts, lavent les tombes, organisent des pique-niques auprès des tombes de leurs ancêtres, et leur offrent des crânes fabriqués en bois ou en sucre. El Dia de los Muertos est aussi un moment où les défunts peuvent rendre visite aux vivants.
Dziady d’automne
Dans les pays slaves, le festival des morts a traditionnellement lieu du 31 octobre au 2 novembre. Les gens vont se recueillir sur les tombes. Pour que les morts trouvent le chemin du paradis ou de leur demeure, on allume des bougies sur les tombes.
Comme pour d’autres courants païens, on organise des repas silencieux le 2 novembre, ils appellent ça un dziady. Une place, une assiette et des couverts sont réservés pour les défunts et on leur sert une part du repas. Pendant ce repas, la famille ne parle qu’en murmurant. Et l’on raconte des histoires sur les chers disparus.
Au cours du dziady, toute manifestation naturelle est prise pour un signe de la présence d’un ancêtre, qu’il s’agisse d’un courant d’air, d’un insecte, ou de la pluie par exemple.
Dans certaines régions, on pouvait organiser trois à quatre repas silencieux par an. Cette pratique perdure dans certaines familles dans l’est de la Pologne, en Lituanie et en Biélorussie.
Hop – tu – Naa
Sur l’Île de Man existe de Hop – tu – Naa. C’est une fête à mi-chemin entre le Samhain ancestral et l’Halloween moderne. Il s’agit pour les Mannois du nouvel an celtique. Une des traditions est le soir du 31 octobre que les enfants fassent du porte à porte avec une lanterne navet. Il entonnent des chants gaéliques traditionnels en échange d’une pièce. Avec l’argent récolté, ils achètent des feux d’artifice qui seront tirés le lendemain. De nos jours, cette pratique existe encore. Mais les enfants donnent une partie de leurs gains à l’Unicef.
La Nuit des Sottises ou Jour de Guy Faukes
En Angleterre, des feux de joie étaient allumés le 31 octobre. Aujourd’hui cette tradition a été déplacée le 5 novembre. Les jeunes font claquer des pétards et sonnent les cloches en l’honneur de la santé de la reine et sa sécurité ainsi que celle du parlement. On brûle également des effigie de Guy Faukes qui a été arrêté alors qu’il voulait faire exploser le parlement.
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Sources :
- Samhain : Rituels, recettes et traditions de la fête des morts, Diana Rajchel, Editions Danaé
- Scott Cunningham, La Wicca, Magie blanche et art de vivre, Éditions du Roseau
- C. Wallace, La magie wicca, Éditions De Vecchi
- Sharlyn Hidalgo, Rites de magie celtique, Les cérémonies des treize lunes de de samhain, Editions Danaé
- Opakiona Blackwood et Avy Raé, Almanach des Sorcières, Une année sous le signe de la magie, Editions Contre-dires
- Lucy Summers, Le livre de la wicca, éditions Contre-dires